Description du projet

Le projet « Petit Comtois »

 

Présentation du programme scientifique

L’équipe ELLIADD (Edition, Littératures, Langages, Informatique, Arts, Didactique, Discours)  de l’Université de Franche-Comté, la Maison des Sciences de l'Homme et de l'Environnement Claude-Nicolas Ledoux (USR 3124) et la Bibliothèque d’Etude et de Conservation de Besançon travaillent en partenariat sur l’ambitieux projet de constituer un fonds numérisé de la collection du Petit Comtois de 1883 à 1944. Ce programme de numérisation a pour objectif, non pas seulement la constitution d’une base de documents image assurant la préservation de ces documents fragilisés, mais la création d’une base plein texte à partir de laquelle peuvent être extraits des corpus textuels. Une campagne de numérisation, bénéficiant du soutien financier de la région Franche-Comté et de la MSHE, est ainsi en cours depuis juillet 2005.
Ce site cherche à assurer la valorisation de ce programme scientifique à dimension patrimoniale, en permettant la consultation de tous les PDF de la collection du Petit Comtois et en donnant accès à un premier état de la base en mode plein texte (1883-1913) interrogeable grâce à un moteur de recherche. L’utilisateur peut ainsi rechercher des articles publiés dans Le Petit Comtois contenant les mots-clés de son choix. 
La collection du Petit Comtois, dans le cadre d’un observatoire linguistique des médias, constitue un dispositif d’observation propre à révéler les mutations des formes et des contenus du discours journalistique, portant en palimpseste l’intense circulation des stratégies discursives conflictuelles d’un siècle d’émergence de courants idéologiques aujourd’hui encore agissants. Les nouvelles techniques de navigation, d’exploration informatisée et de traitement statistique des données offrent un potentiel très important de recherches interdisciplinaires prenant ce corpus pour objet : analyse diachronique des genres et des pratiques d’écriture journalistiques, analyse de discours du côté de l’histoire (cf. les travaux de J. Guilhaumou), approche socio-historique du journalisme, psychologie sociale, polititologie, histoire littéraire, etc.
A terme enfin, c’est l’archivage numérique et l’exploitation pluri-disciplinaire d’une base comprenant l’ensemble de la presse de la région Franche-Comté que nous envisageons, comprenant des titres évocateurs comme Le Neuf Thermidor (1795-1796), L’Impartial (1829-1858), La Gazette de Franche-Comté (1831-1834), Le Progrès (1839-1840), Le Courrier de la montagne (1852-1853 puis 1881-1887), Le Courrier franc-comtois (1866-1887), L’Abeille franc-comtoise (1876-1888), La Dépêche du Doubs et de Franche-Comté. Journal républicain et progressiste (1897-1933), L’Echo de la Franche-Comté (1881-1887), L’Eclair comtois (1903-1939), Le Flambeau (1903-1911), etc.

 

Le Petit Comtois (1883-1944)

Tandis que le panorama de la presse régionale franc-comtoise se limite alors à trois journaux (L’union Franc-Comtoise, tribune royaliste, le Courrier Franc-Comtois, feuille bonapartiste, la Démocratie Franc-Comtoise, organe des bourgeois voltairiens), la création du quotidien régional, le 1er août 1883, le Petit Comtois, «Journal Républicain démocratique quotidien », matérialise l’aboutissement d’un projet de notables bisontins, hommes de plume, d’affaires, de sciences et d’art, regroupés autour de Jules Gros, avocat bisontin et Vénérable de la Loge maçonnique, ancien sous-préfet et futur député. Parmi eux, son cousin, Victor Delavelle, notaire et maire de Besançon, l’industriel Louis-François Bersot, Alfred Rambaud, professeur à la Sorbonne, le peintre Antonin Fanart, etc… S’adressant au « petit peuple » de la Franche-Comté, paysans et ouvriers horlogers, à ces « nouvelles couches » dont parle Gambetta, le Petit Comtois rencontre rapidement un succès qui va perdurer jusqu’à la fin de sa parution. Le Petit Comtois ne devient pas seulement un succès de tirage (5000 exemplaires dès septembre 1883) : plus qu’un quotidien, c’est tout autant une institution, un puissant vecteur d’influence et d’éducation politique.
C’est dans ses colonnes que se façonne le paysage politique régional, par ses engagements dans chacune des élections municipales, cantonales ou législatives, ses positions politiques défendant farouchement l’idée républicaine contre les fureurs réactionnaires, et par ses articles quotidiens d’âpres revendications sociales. Si, en 1883, à l’heure des dissensions dans le parti républicain entre radicaux et opportunistes_ les premiers, regroupés autour de Clémenceau appelant l’installation immédiate d’une République démocratique affranchie du Président de la République et du Sénat, les seconds, partageant le même programme mais voulant réformer en douceur la République en fonction des opportunités se présentant_, le Petit Comtois affiche ouvertement son adhésion au parti opportuniste et revendique l’héritage de Gambetta, la feuille évolue vers un radicalisme orthodoxe dès 1891. La ligne éditoriale radicale du quotidien perdure jusqu’à l’arrêt de sa publication suite à un ordre de la Kommandatur le 22 mai 1944.

 

Equipe scientifique

Virginie Lethier (Maître de Conférences, ELLIADD, Université de Franche-Comté)
Philippe Schepens (Professeur, ELLIADD, Université de Franche-Comté)
Jean-Marie Viprey (Professeur, ELLIADD, Université de Franche-Comté)

 

Conception du site

Nicole Salzard (Ingénieur d’Etudes, ELLIADD, Université de Franche-Comté)